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Type de textesource
Titre\"Plaidoyer pour le sieur Gérard Van Opstal\", lu le 4 février 1668 à l’Académie royale de peinture et de sculpture
AuteursLamoignon de Basville, Nicolas de
Date de rédaction1668/02/04
Date de publication originale
Titre traduit
Auteurs de la traduction
Date de traduction
Date d'édition moderne ou de réédition2007
Editeur moderneLichtenstein, Jacqueline; Michel, Christian
Date de reprint

, p. 216

Chacun sait, Messieurs, la défense que fit Alexandre à tout autre qu’à Apelle et à Lysippe de peindre son portrait et de faire sa statue. Ce ne fut pas (dit l’orateur romain) par une curiosité ordinaire d’être bien représenté mais par une estime singulière de leur profession et par cette amour de la gloire qui l’animait dans toutes ses actions en voulant laisser de lui rien que d’immortel et d’inimitable.

Dans :Apelle et Alexandre(Lien)

(I, 1), p. 213

Ainsi, Messieurs, en défendant la cause de ma partie, je ne ferai point de différence entre le nom de sculpteur et celui de peintre, puisque pour être parfait dans l’une de ces professions, il faut les entendre toutes les deux. Pline, qui en a curieusement recherché toutes les particularités, écrit que les fables en ont donné la gloire à Prométhée et qu’elle fit partie de ce larcin qu’il commit dans le ciel, mais que l’histoire en attribue l’invention à la plus ingénieuse des passions. Cet auteur dit qu’une jeune femme de Corinthe, étant sur le point de voir s’éloigner son mari, s’avisa de tracer le profil de son visage sur celui de son ombre afin de conserver quelque image de ses traits qui la pût consoler  dans l’ennui de son absence ; que le père de cette jeune femme, pour contribuer à la consolation de sa fille par un moyen si innocent, remplit ces traits avec de l’argile et s’efforça d’imiter la rondeur du naturel ; qu’ainsi la peinture et la sculpture furent inventées en même temps. […] Néanmoins, la vanité des Grecs, qui se flatte d’ordinaire de l’invention des plus belles choses, a tort de s’attribuer celle-ci. Elle tire sa source de plus haut, et nous sommes obligés de croire que Dieu fut le premier statuaire du monde lorsqu’ayant créé tous les êtres, il forma dans la figure de l’homme le portrait de la Divinité.

Dans :Dibutade et la jeune fille de Corinthe(Lien)

, 217-218

Aussi ne peut-on voir sans étonnement dans l’histoire qu’une statue de la main d’Aristide fut vendue trois cent septante-cinq talents et une autre de Polyclète six-vingts mille sesterces, et que le roi de Nicomédie voulant affranchir la ville de Gnide de plusieurs tributs, pourvu qu’elle lui donnât cette Vénus de la main de Praxitèle qui attirait tous les ans un concours infini de curieux, les Gnidiens aimèrent mieux demeurer toujours tributaires que de lui donner cette statue.

Dans :Praxitèle, Vénus de Cnide(Lien)

, p. 216

Nous apprenons encore que les plus sages des empereurs romains ne dédaignèrent pas d’employer leurs heures de loisir à cette occupation, que ces mains qui soutenaient le poids du gouvernement de toute la terre quittaient quelquefois le sceptre pour prendre le pinceau, et qu’enfin le roi François Ier et Louis XIII, Philippe III et IV, rois d’Espagne, en ont fait un de leurs plus agréables divertissements. Les conquérants mêmes qui semblent devoir fouler aux pieds tout ce qui s’oppose aux cours de leurs victoires ont eu du respect pour la peinture. Et Démétrius à qui l’on donna le titre de preneur de villes refusa de se rendre maître de Corinthe en mettant le feu dans un quartier où était le tableau de Protogène, aimant mieux conserver ce fameux ouvrage que d’achever de la conquérir.

Dans :Protogène et Démétrios(Lien)